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LE MANOIR D’HABERVILLE.

Deux autres pavillons au sud-est, servaient, l’un de laiterie et l’autre d’une seconde buanderie, recouvrant un puits qui communiquait par un long dalot à la cuisine du logis principal. Des remises, granges et étables, cinq petits pavillons dont trois dans le bocage, un jardin potager au sud-ouest du manoir, deux vergers l’un au nord et l’autre au nord-est, peuvent donner une idée de cette résidence d’un ancien seigneur canadien, que les habitants appelaient le village d’Haberville.

De quelque côté qu’un spectateur assis sur la cime du cap portât ses regards, il n’avait qu’à se louer d’avoir choisi ce poste élevé, pour peu qu’il aimât les belles scènes qu’offre la nature sur les bords du Saint-Laurent. S’il baissait la vue, le petit village d’une éclatante blancheur, semblait surgir tout à coup des vertes prairies qui s’étendaient jusqu’aux rives du fleuve. S’il l’élevait au contraire, un panorama grandiose se déroulait à ses yeux étonnés : c’était le roi des fleuves déjà large de sept lieues en cet endroit, et ne rencontrant d’obstacle au nord que les Laurentides dont il baigne les pieds, et que l’œil embrasse, avec tous ses villages, depuis le cap Tourmente jusqu’à la Malbaie ; c’étaient l’île aux Oies et l’île aux Grues à l’ouest ; en face les Piliers, dont l’un est désert et aride comme le roc d’Oea de la magicienne Circé, tandis que l’autre est toujours vert comme l’île de Calypso ; au nord, la batture aux Loups-marins, de tout temps si chérie des chasseurs canadiens ; enfin les deux villages de l’Islet et de Saint-Jean-Port-Joli, couronnées par les clochers de leurs églises respectives.

Il était près de neuf heures du soir, lorsque les