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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/255

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LES PLAINES D’ABRAHAM.

mais, le plus souvent, paraissant converser avec vous de la manière la plus affectueuse.

Il faut connaître mon neveu pour juger du culte qu’il vous portait ; il faut connaître cette belle âme toute d’abnégation, pour comprendre son amour pour vous, et ce qu’il aurait été capable d’entreprendre afin de vous le prouver. Combien de fois m’a-t-il dit : j’aime les hommes, je suis toujours prêt à leur rendre service, mais s’il fallait demain faire à mon frère Arché le sacrifice de ma vie, je mourrais, le sourire sur les lèvres, car je lui aurais donné la seule preuve de mon affection qui fût digne de lui. De pareils sentiments ne s’éteignent pas soudain dans un noble cœur comme celui de mon neveu, sans des efforts surhumains ! Il sera heureux, au contraire, d’entendre votre justification de ma bouche ; et soyez sûr, mon cher Arché, que je n’épargnerai rien de ce qui pourra amener une réconciliation avec votre frère. Il n’a jamais prononcé votre nom depuis sa convalescence ; et comme il est encore trop faible pour l’entretenir d’un sujet qui pourrait lui causer une émotion dangereuse, j’attendrai qu’il ait repris plus de force, et j’espère vous donner de bonnes nouvelles à notre prochaine entrevue. En attendant, adieu jusqu’au revoir : des devoirs indispensables m’obligent de vous quitter.

— Priez pour moi, Madame, j’en ai besoin ! dit Arché.

— C’est ce que je fais tous les jours, repartit la religieuse. On dit, peut-être à tort, que les gens du monde ont plus besoin de prière que nous, et surtout les jeunes officiers ; quant à vous de Locheill, vous auriez donc bien changé si vous n’êtes pas de ceux qui