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LES ANCIENS CANADIENS.

obtenu un congé illimité pour me rétablir. Mon parent D… le ministre, et tous mes amis, me conseillent de quitter l’armée, de retourner au Canada, la nouvelle patrie de toute ma famille, et de m’y établir définitivement après avoir prêté serment de fidélité à la couronne d’Angleterre ; mais je ne veux rien faire sans vous consulter. Mon frère Arché, qui a de puissants amis en Angleterre, m’a remis une lettre de recommandation d’un haut personnage à votre gouverneur Guy Carleton, que l’on dit plein d’égards pour la noblesse canadienne, dont il connaît les antécédents glorieux. Si je me décide, sur votre avis, à me fixer au Canada, j’aurais donc encore l’espoir d’être utile à mes pauvres compatriotes. J’aurai le bonheur, Dieu aidant, de vous embrasser tous vers la fin de septembre prochain. Oh ! quelle jouissance, après une si longue séparation ! » (d)

Jules ajoutait dans un post-scriptum :

« J’oubliais de vous dire que j’ai été présenté au Roi qui m’a accueilli avec bonté ; et m’a même fait je ne sais quels éloges sur ce qu’il appelait ma belle conduite, en me nommant Chevalier-Grand-Croix du très honorable ordre royal et militaire de Saint-Louis. J’ignore quel mauvais plaisant de grand personnage m’a valu cette faveur : comme si tout Français qui portait une épée, ne s’en était pas servi pour le moins aussi bien que moi : je pourrais citer dix officiers de ma division qui méritaient d’être décorés à ma place. Il est bien vrai que plus qu’eux j’ai eu le précieux avantage de me faire écharper comme un écervelé à chaque rencontre avec l’ennemi. C’est vraiment dommage