doux nom de frère, que Blanche lui donnait, purifiait ce qui restait d’amour dans ce noble cœur de femme.
Jules avait un fils tendre et respectueux : ses deux enfants furent pour lui ce qu’il avait été pour ses bons parents.
Tant que M. et Mme d’Haberville vécurent, Jules leur tint fidèle compagnie, ne s’absentant que pour affaires indispensables, ou pour remplir un devoir auquel son père, strict observateur de l’étiquette avant la conquête, tenait beaucoup : celui d’assister avec son épouse au bal de la reine, le 31 de Décembre ; et le lendemain, à onze heures, à un lever, où le représentant du roi recevait l’hommage respectueux de toutes les personnes ayant leurs entrées au château Saint-Louis, à Québec (h).
L’auteur a tant d’affection pour les principaux personnages de cette véridique histoire qu’il lui en coûte de les faire disparaître de la scène : on s’attache naturellement aux fruits de ses œuvres. Il craindrait aussi d’affliger ceux des lecteurs qui partagent son attachement pour ses héros, en les tuant d’un coup de plume : le temps fera son œuvre de mort sans l’assistance de l’auteur.
Il est onze heures du soir, vers la fin d’octobre ; toute la famille d’Haberville est réunie dans un petit salon suffisamment éclairé, sans même le secours des bougies, par la vive clarté que répand une brassée d’éclats de bois de cèdre, qui flambe dans la vaste cheminée. De Locheill, qui approche la soixantaine, fait une partie d’échecs avec Blanche. Jules, assis près du feu entre sa femme et sa fille, les fait endêver toutes deux, sans négliger pourtant les joueurs d’échecs.
Le jeune Arché d’Haberville, fils unique de Jules