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MÉMOIRES.

tiquait alors aux noces dans nos campagnes. Le mariage étant élevé jusqu’à la dignité de sacrement par l’Église catholique, je le demande aux personnes les plus préjugées, si ce n’était pas une indigne profanation des pratiques les plus saintes de notre culte ?

Je sais, sans être théologien, que les évêques même ne peuvent accorder des dispenses de mariage dans certains cas, et en voici un : une femme mariée complote avec son amant le meurtre de son mari, et l’assassine dans le but d’épouser son amant, et vice versa. Alors l’évêque n’a pas le droit d’accorder les dispenses.

Nos Canadiens sont essentiellement religieux ; ils s’étaient laissé séduire par les belles paroles d’un bavard, comme il y en a encore plusieurs qui faussent leur jugement naturellement droit ; aussi, grand fut leur désespoir, lorsque l’Évêque eût prononcé la sentence d’interdiction, lorsque ce temple, source de tant de consolation pour eux dans leur souffrance, leur fut fermé.

Tous les paroissiens de Saint-Jean Port-Joli, leur seigneur en tête, firent tant de supplications auprès du prélat, qu’il se laissa fléchir, et au bout de deux mois l’interdit fut levé. Ils promirent tous d’être de bons enfants à l’avenir, et ont tenu parole. Sous la conduite de leur digne et bien-aimé curé Messire Parent, successeur de mon vieil ami le vénérable Messire Boissonnault, ils peuvent s’enorgueillir de ne le céder à aucune autre paroisse pour leurs vertus morales et chrétiennes.

Pour varier et égayer mon sujet, après le triste épisode que je viens de terminer, je vais citer une petite