Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/245

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Les maîtres menaient de temps à autre les pensionnaires du petit séminaire de Québec aux séances de la chambre d’assemblée, pendant les sessions du parlement provincial ; et comme les enfants aiment à singer tout ce qu’ils voient, il fut décidé que nous aurions aussi notre chambre d’assemblée. On commença par les élections. Que d’intrigues ! que de corruption même pour faire élire un candidat de notre choix !

Le parti conservateur, tremblant pour l’élection de son candidat, proposa de faire voter les ecclésiastiques du grand séminaire. Celui de l’opposition, dont Papineau était le chef, combattait de toutes ses forces l’introduction de cette clause dans notre charte. Il s’en suivit de longs débats, de bien chaudes discussions, mais les tories triomphèrent.

Le grand jour de l’élection arrivé, les deux candidats firent les discours d’usage, et promirent, comme on le fait de nos jours, plus de beurre que de pain aux sots (et j’étais probablement du nombre), qui ajoutaient foi à leurs discours. L’âge d’or allait renaître pour les écoliers ! plus de pensums, plus de férules, mais des confitures à tous nos repas. Rien de plus aisé à obtenir ; il ne s’agissait que de présenter au supérieur, une requête appuyée par un corps aussi auguste que notre parlement. Papineau, âgé alors de treize à quatorze ans, monta sur le hustings, et, dans un discours qui dura près d’une demi-heure, foudroya notre malheureux candidat. Je l’ai souvent entendu depuis tonner dans notre parlement provincial contre les abus, la corruption, l’oligarchie, mais je puis certifier qu’il n’a jamais été