Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/255

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ne font pas pis, la société de ceux qui leur ont ouvert le chemin des honneurs et de la fortune, il se faisait un devoir de reconnaissance de rendre de fréquentes visites à son bienfaiteur ; et la mort seule de l’éminent prélat a mis fin à leur commerce d’amitié.

— Tu est le bienvenu, lui dit un jour Monseigneur Plessis, qui tenait en ce moment un volume d’Horace dans sa main, j’ai beau tourner et retourner ce vers il m’est impossible de croire que ce soit ce que l’auteur a voulu exprimer ; c’est un contresens.

Vallière lit le passage et dit : c’est, en effet, ridicule. Mais après un moment de réflexion, il prend un crayon, pose deux points, ou un point et une virgule, et ajoute : lisez maintenant Monseigneur. Le sens était entièrement changé à l’avantage de l’auteur, et des plus clairs ; Monseigneur Plessis se plaisait à raconter cette anecdote de son jeune protégé.

Vallière portait toujours dans sa poche un auteur latin ; et ni ses nombreuses occupations, ni sa vie un peu dissipée, comme la nôtre, pendant sa jeunesse, ne l’empêchaient d’en lire une page ou deux tous les jours.

Mais rétrogradons de quelques années.

Grand émoi, grande consternation parmi les autorités très soupçonneuses de la ville de Québec. Ou vient d’apprendre qu’un général de Napoléon est non-seulement dans la cité, mais qu’il amène l’audace de recruter un régiment. Le conseil-exécutif s’assemble et on requiert la présence immédiate du prélat catholique. On lui fait sentir qu’il est assez surprenant qu’il puisse ignorer un fait aussi important ; et surtout qu’il n’en ait pas instruit les autorités. L’évêque inter-