Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/273

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— Enfoncé ! mon cher curé, lui dis-je, la peau du lion perce toujours sous celle de l’agneau.

— Ce n’est toujours pas toi, répliqua Plamondon, qui a fait cette fine découverte ?

— Non, mais j’en ai fait aujourd’hui une heureuse application.

Plamondon une fois dans sa vie se tint pour battu : il est vrai que le parterre s’était prononcé d’avance contre lui.

O’Gorman fut bien vite initié à notre société canadienne : j’ai rarement rencontré un jeune homme plus aimable, et je pourrais ajouter un meilleur vivant. C’était aussi un amalgame de la gaîté française et irlandaise ; il pouvait même être considéré comme français, car sa famille était établie depuis longtemps en France, lorsqu’un de ses ancêtres le chevalier Thomas O’Gorman, épousa, en 1757, une demoiselle d’Éon de Beaumont d’une des plus anciennes familles de France, ainsi qu’il appert aux annales des chevaliers des ordres militaires et royaux, etc., publiées en 1779.

O’Gorman avait probablement émigré avec sa famille pendant la révolution et était ensuite retourné en France à la restauration, car il sortait des gardes du corps de Louis XVIII lorsque nous fîmes sa connaissance. Il m’est impossible d’expliquer pourquoi il avait laissé le service de la France pour celui de l’armée britannique ; ce qui me fait croire qu’il avait des amis puissants dans les deux royaumes.

Il lui arrivait par ci par là en parlant de son père de lui donner le titre de comte O’Gorman et de dire qu’il était de la famille du chevalier d’Éon, qu’on a prétendu