Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/289

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Et il sort après ce monologue.

— Dépêchons-nous, dit McCarthy, il va revenir avec une chandelle, mais n’oubliez pas de m’imiter.

Monsieur Joseph reparut, en effet, bien vite avec une lumière, mais il était à peine au milieu de la salle, qu’une carcasse de poulet lancée d’une main sûre par McCarthy, éteint la chandelle, tandis que nous, stimulés par un si noble exemple, lancions au hasard ce qui nous restait d’os dans les mains à la tête du malheureux contremaître.

Nous étions en récréation, lorsque M. Joseph vint raconter ses griefs à notre directeur, aussi excellent homme que digne prêtre, celui-ci fait aussitôt comparaître le coupable accusé de larcin, qui feint une grande indignation et s’écrie :

— Comment, Monsieur, vous osez m’accuser, moi, de larcin ! sachez que mon père m’a élevé dans le respect du bien d’autrui !

— Il aurait bien dû alors, fit le contre-maître, vous élever dans le respect de mes poulets.

— Auriez-vous la bonté, M. Joseph, de répondre à deux ou trois de mes questions ? fit McCarthy.

— Parlez, Monsieur, je vous écoute, fit le contre-maître.

— Ne suis-je pas entré dans le grand réfectoire et ne vous ai-je pas salué poliment ?

— Oui.

— Ne me suis-je pas informé de votre santé, ainsi que de celle de votre respectable épouse ?

— Oui.

— Ne vous ai-je pas demandé des nouvelles de vos