Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/302

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Les jeunes gens sont portés à calomnier le sexe féminin et à lui attribuer tous nos défauts, le dirai-je, même tous nos vices. Je n’attends pas d’eux de hautes réflexions physiologiques, ni qu’ils aient sondé les profondeurs du cœur humain, ce dédale où tant de philosophes se sont égarés ; je n’attends pas d’eux non plus une pénétration au-dessus de leur âge, mais la simple réflexion. Témoins dans le sein de leurs familles des vertus de leur mère, de leurs sœurs, de toutes celles avec lesquelles ils sont intimement liés, ce spectacle devrait pourtant les convaincre.

Oui, Dieu a créé la femme avec une âme bien différente de la nôtre : à de rares exceptions, ses traits mêmes portent l’empreinte de la pureté et de la vertu. Des milliers de jeunes femmes que l’autre sexe juge sévèrement ont l’âme aussi pure que les anges leurs modèles. S’il en était autrement, que de misères innombrables à ajouter à celles dont gémit l’humanité ! Quels désordres ! quels bouleversements dans la société si la femme naissait avec les mêmes vices que les hommes ! Dieu, dans sa sagesse, a prévu ces énormités et y a mis un frein en créant la femme vertueuse. La femme vicieuse est une anomalie de son espèce, tandis que l’amour de l’homme pour la femme est aussi changeant que les nuances de la peau du caméléon au reflet des objets qui l’environnent ; la femme, elle, s’attache avec une ténacité surprenante à l’indigne objet de son affection. L’abandon, les traitements les plus cruels, brisent rarement les liens qui l’attachent à son amour. Une mort lente, le suicide