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CHAPITRE ONZIÈME


Je classe le Major Pierre LaForce parmi mes jeunes contemporains, quoiqu’il fût plus âgé que moi et que tous ceux dont j’ai parlé, par la raison très-simple que cet aimable gentilhomme semblait n’avoir jamais vieilli. Le major faisait les délices de nos parties de jeunes gens : la fête n’aurait pas été complète en son absence. Peu de mystificateurs ont possédé les talents variés de notre ami. Il avait la knack[1] d’imiter la langue allemande et les idiomes indiens de manière à tromper Allemands et sauvages.

J’étais un jour à mon bureau, conversant avec mes amis LaForce, Vallière, Plamondon et LeBlond. Entre un huissier allemand nommé Nupert. LaForce, assis auprès de moi, se retourne à demi de manière à présenter le dos au nouvel arrivé. L’huissier me rend compte d’un writ dont je l’avais chargé. Je com-

  1. Knack. L’académie devrait enrichir la langue française de ce mot qu’il est impossible de traduire : les mots, habileté, dextérité, talent, adresse, etc., ne rendent que bien imparfaitement le sens de ce mot essentiellement britanique.