Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malgré les brocards du peuple qui criait : champagne ! champagne ! à chaque voix que l’on enregistrait pour le candidat bon vivant. Ce n’était après tout qu’un acte de gratitude de la part de ses amis envers un homme si généreux. Je ne sais trop où ce beau préambule à propos des fêtes champêtres du chevalier Craig va me conduire, à moins que ce ne soit pour déclarer ici, en toute sincérité, que si j’ai dit du bien de ce gouverneur, que si j’ai émis une opinion contraire à celle que mes compatriotes canadiens-français ont conservée de lui, ce n’est pas en souvenir des jouissances que m’ont procurées pendant ma jeunesse les charmantes fêtes champêtres du gouverneur, à Powell-place (maintenant Spencer-Wood) résidence d’été de sir James, sur la route du Cap-Rouge.

Dès huit heures et demie du matin, par une belle journée du mois de juillet, je dis une belle journée, car pendant trois années consécutives le soleil le plus brillant éclaira ces belles fêtes, l’élite de la société laissait Québec pour se rendre à l’invitation de sir James. Arrivés à Powell-place, les convives descendent de voiture sur la voie royale, et s’enfoncent dans la forêt en suivant un sentier qui, après maints détours, vous conduit à un charmant cottage ayant vue sur le magnifique Saint-Laurent, qui semble surgir, tout à coup, des bosquets qui le couronnent. Des tables de quatre, de six et de huit couverts chacune sont dressées en face du cottage sur une immense plate-forme de madriers polis qui servira ensuite de salle de danse en plein air. Au fur et à mesure que les convives arrivent, ils forment une petite société pour déjeuner