Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/389

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en personne qu’il voyait, lorsque Grenon qui le reconnut lui cria : Malheur à toi si tu en parles ! Toute la paroisse a toujours pensé que Satan seul pouvait être doué d’une telle force.

Je n’ai pas cru devoir clore cet article sur les Grenon sans rendre visite aujourd’hui, 28 février 1864, à mon ancien ami l’honorable Paschal de Sales Laterrière, membre du Conseil Législatif, dans l’espoir d’obtenir quelques renseignements sur l’Hercule du Nord. Je le croyais en mesure de me les donner ; 1o. parce qu’il a résidé pendant quarante-cinq années dans la seigneurie des Éboulements voisine de la baie Saint-Paul ; et 2o. parce que étant lui-même pendant sa jeunesse d’une force musculaire peu commune, il n’aura pas manqué de s’enquérir des prouesses attribuées au sieur Grenon. Je n’ai pas été trompé dans mon attente ; il m’a fait part de l’anecdote suivante, qu’il tenait des vieillards de la baie Saint-Paul.

Vous devez avoir vu, me dit mon ami, quelques-unes des anciennes cheminées que l’on construisait au bon vieux temps ?

— Oui ; fis-je, il y en avait une semblable dans la cuisine de mon grand-père au manoir de Saint-Jean Port-Joli, dans laquelle un arbre entier pouvait flamber à l’aise !

— On en construisait une semblable, reprit monsieur Laterrière, pour le presbytère de la baie Saint-Paul ; huit à dix hommes vigoureux avaient renoncé à poser le manteau, pierre énorme de six pieds de longueur, sur dix-huit pouces de hauteur et huit pouces d’épaisseur ; car le plus difficile n’était pas de la lever de terre,