Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/429

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curieux de savoir si les morts mentent autant que les vivants, et je voulais aussi savoir quelque chose qui me tient bien au cœur, allez : je n’en ai pas de regret ; vous m’avez reçu poliment jusqu’ici, mais halte là ! je n’entends point qu’on dise du mal de Fifine : vous êtes content comme un fantôme qui a fini sa pénitence ; c’est tout naturel, et je voudrais en dire autant, car, moi, je commence la mienne ; je mange mon ronge et je mordrais sur le fer. Ainsi, si vous n’avez pas de meilleures raisons à me chanter, brisons là ; séparons-nous sans rancune ; bon soir.

— Bon jeune homme, dit le revenant, je vous ai trop d’obligation pour chercher à vous faire de la peine, je finirai donc en vous disant que j’achevais ma dernière nuit de pénitence, quand mademoiselle Lalande l’a interrompue. Elle est maintenant terminée grâce à votre courage, et je vous en remercie ; je ne voudrais pas m’en tenir, s’il était possible, aux remercîments, mais vous prouver ma reconnaissance d’une manière plus solide. Je désirerais connaître quelques trésors pour vous les enseigner, mais je n’en connais aucun.

— Je n’ai pas besoin de vos trésors, dit Lamonde : il n’en est qu’un pour moi : c’est ma fiancée ; et si vous m’avez de l’obligation, rendez-lui la vie.

— Dieu seul, bon jeune homme, est le maître de la mort et de la vie.

— Il ne faut pas revenir de l’autre monde, reprit Hippolite, pour savoir ça ; mais dites-moi au moins, si la pauvre Joséphine est véritablement poumonique, et si les docteurs ont raison quand ils disent qu’elle ne peut en réchapper.