Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/473

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riant au curé qu’il venait de sonner le tinton de la messe.

— Très bien ! Gaspard, dit monsieur de Salaberry, vous tenez de votre père, l’homme le plus fort que j’aie connu.

On dîne au presbytère ; et le curé annonce ensuite, en consultant sa montre, qu’il est l’heure de chanter les vêpres. Monsieur de Salaberry s’esquive alors sans rien dire et un instant après, on entend sonner la cloche à toute volée. L’hercule rentre en riant et dit :

— Mon cher Lanaudière, vous avez sonné la messe et moi les vêpres.

Mon père racontait la scène suivante dont il avait été témoin oculaire, lorsqu’en l’année 1777, il servait dans l’armée anglaise, sous les ordres du général Bourgoyne, campée dans le voisinage de la rivière Hudson.

— Nous étions, disait-il, assis le soir dans une cabane, lorsqu’un énorme serpent à sonnettes, attiré peut-être par le feu à l’entour duquel nous étions groupés, surgit tout à coup au milieu de nous. Nous étions tous saisis d’horreur et paralysés par la frayeur, lorsque monsieur de Salaberry, conservant son sang-froid, empoigne l’affreux reptile, l’étouffe dans une étreinte puissante et le jette dans le brasier ardent de notre bivouac.

Parmi les tapageurs, le plus souvent canadiens, qui troublaient jadis les gens paisibles de la bonne ville de Québec et de ses faubourgs, se faisait remarquer un sauvage de la tribu des Hurons, qui avait été souvent expulsé de son village pour ses peccadilles, et dans lequel il trouvait cependant toujours les moyens de