Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/477

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dernier se prêta de la meilleure grâce du monde après la rude correction qu’il avait reçue.

Il n’était pas rare autrefois de rencontrer dans le district de Québec des fiers-à-bras, serviteurs de la Compagnie du Nord-Ouest, partis de Sorel, de l’Assomption et d’autres paroisses de Montréal, dans le but unique de provoquer des athlètes dignes de lutter contre eux, qui se qualifiaient de loups, parmi les moutons du bas du fleuve Saint-Laurent. S’ils s’en retournaient les yeux pochés, ils s’en consolaient avec leur éternel « ce n’est pas un goglu qui m’a accommodé au beurre frit de la sorte ! »

Un dernier trait de la force musculaire de Monsieur de Salaberry, et je clos ce sujet, crainte de fatiguer les lecteurs indifférents à ces sortes de prouesses. Il introduisait quatre doigts dans les canons de quatre fusils de grenadiers et les tenait pendant quelques secondes le bras tendu horizontalement.

Les états de service de ce brave gentilhomme montrent qu’il a payé noblement la dette que tout citoyen doit à la patrie : d’abord à celle de ses ancêtres en servant comme cadet à l’âge de quatorze ans dans l’armée française. Il fut ensuite blessé trois fois pendant la rébellion des colonies américaines en combattant comme volontaire sous les étendards de la Grande-Bretagne.

En 1796, il est nommé Major du 1er bataillon du régiment royal volontaire commandé par le Colonel de Longueuil[1] qui fut réformé en 1802. Et là aussi

  1. Mon grand oncle maternel le Colonel Dominique-Emmanuel Le Moine de Longueil avait aussi servi le gouvernement français avant la conquête en qualité d’aide-major.