Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/496

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Quant aux blasphèmes, celui qui, suivant les journaux anglais, et même certains journaux et brochures publiés en langue française à l’étranger, occupait ses loisirs à frapper, pincer, égratigner tous ceux qui en approchaient, quant aux blasphèmes, dis-je, il devait en être coutumier. Mais continuons :

« Cette bête, que je vis, était semblable à un Léopard, et le dragon lui donna sa force et sa grande puissance. »

Encore lui : Napoléon n’est-il pas, en italien, le lion du désert ? Quant à la force et à la grande puissance, on ne pouvait lui refuser ces deux attributs.

« Il lui fut aussi donné le pouvoir de faire la guerre aux saints et de les vaincre, et la puissance lui fut donnée sur les hommes de toute tribu, de tout peuple, de toute langue et de toute nation. »

Napoléon avait fait la guerre à sa sainteté le pape Pie VII, et il était alors maître de l’Europe.

« Je vis encore s’élever de la terre, une autre bête, qui avait deux cornes, semblables à celles de l’agneau, mais elle parlait comme le dragon. »

« Et elle exerça toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle fit que la terre, et ceux qui l’habitent adorèrent, la première bête. »

La mitre qu’avait portée Talleyrand, lorsqu’il était évêque d’Autun, avant d’être premier ministre de l’empereur Napoléon, le désignait bien comme la bête à deux cornes, emblèmes de l’agneau dont il aurait été supposé avoir la douceur, tandis qu’il parlait comme le dragon. Les journaux anglais avaient de suite saisi l’allusion.

« Et elle fera encore que personne ne puisse ni