Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/501

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux hommes, deux anciens amis, qui ont illustré le Canada, les honorables Denis-Benjamin Viger et John Neilson, se promenaient un soir dans un corridor en attendant l’ouverture de la chambre : M. Viger catholique, M. Neilson protestant ; et le dialogue suivant s’engagea entre eux.

M. Neilson. — Les catholiques sont meilleurs chrétiens que nous.

M. Viger. — Où voulez-vous en venir avec ce préambule ?

M. N. — Les catholiques croient que comme hérétiques les protestants seront tous damnés ?

M. V. — Doucement ! doucement ! s’il vous plaît ; mon ami : les............

M. N. — Allons donc ! avez-vous oublié les préceptes de votre religion : « hors de l’Église point de salut. »

M. V. — Il ne faut pas prendre............

M. N. — Je le répète : vous croyez que les protestants rôtiront comme hérétiques dans l’enfer pendant une éternité.

M. V. — Nous prenez-vous pour des Iroquois ?

M. N. — Bouilliront, si vous le préférez, dans la grande chaudière de Satan ? ce qui ne vous empêche pas de nous aimer, de prier sans cesse pour nous, et notamment le dimanche pendant votre messe. Les protestants, eux, croient que les catholiques grilleront dans l’enfer comme idolâtres ; et loin de vous plaindre, leur haine est telle, qu’ils s’en réjouissent.

Et Monsieur Neilson de rire, de ce rire sardonique qui lui était habituel, et Monsieur Viger d’y faire écho.

Le souvenir des luttes parlementaires de ces deux