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Page:De Gerlache - Le premier hivernage dans les glaces antarctiques, 1902.djvu/56

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trairement à ce que l’on croit communément, n’a pas le moindre goût de poisson.

Si les vivres ne font pas défaut, il nous manque un cuisinier.

Depuis Punta-Arenas, Michotte, la bonne volonté personnifiée, en cumule les fonctions avec celles de maître d’hôtel.

Ce brave garçon — qui fut, comme légionnaire algérien, un garçon brave — ne m’en voudra pas de déclarer qu’il n’avait pas précisément le génie de la cuisine. Ses préparations, dans lesquelles il ne déployait souvent que trop d’imagination, étaient généralement assez peu réussies.

Mais il était si plein de zèle que nous fermions les yeux sur son manque d’aptitudes culinaires. Et d’ailleurs quel autre à bord eût pu le remplacer et faire mieux ?

… À part un grog servi le dimanche soir ou dans les circonstances solennelles, les liqueurs sont proscrites.

Une fois par semaine, le samedi, il est procédé à une distribution de 500 grammes de sucre — par homme — 500 grammes de beurre, 100 grammes de tabac, une boîte d’allumettes, sel, poivre et moutarde…

Il reste de l’eau potable dans les caissons, mais il serait imprudent de continuer à en faire usage : nous pourrions être pris au dépourvu s’il venait à se produire dans la banquise une détente nous permettant de regagner le large.

Tous les matins, nous faisons donc provision de neige que nous allons chercher à quelque distance du navire, car celle qui entoure la Belgica est souvent souillée, non seulement par les débris de tous genres jetés par-dessus bord et par les dépouilles d’animaux qu’on abandonne après en avoir extrait les bons morceaux, mais encore, par la suie échappée des cheminées.

Au moyen de lard de phoque, débité en briquettes, nous alimentons le foyer du distillateur installé sur le pont ; et la neige se transforme bientôt en une belle eau cristalline, sans que nous ayons à user du charbon, dont nous devons être économes…


L’état-major se livre à des observations diverses. Quand le temps est clair, Lecointe fait le point, les vents et peut-être des courants nous entraînant en tous sens avec le champ de glace qui nous enserre ; j’effectue un sondage, par le trou à eau, et Arctowski recueille les sédiments rapportés, puis, avec une extrême minutie, il observe la température de la mer et prend des échantillons d’eau à diverses profondeurs pour les analyser ensuite.

Nous pêchons, par le trou à eau également, soit au moyen du