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VOYAGE DE LA BELGICA.

issue. Force nous est donc d’y rester en panne, jusqu’à ce qu’une passe quelconque s’ouvre vers le Nord.

À neuf heures du matin, des mouvements s’étant produits dans le pack, nous nous remettons en marche et, autant que nous le permet la capricieuse topographie de la banquise, nous faisons route au Nord. Du nid de corbeau, nous découvrons de nombreuses clairières ; mais, seules des passes étroites et tortueuses, coupées d’angles brusques, les relient entre elles ; souvent même des pans considérables qu’il faut attaquer à pleine vapeur, en usant de l’étrave comme d’un coin, les séparent. Il est rare que cette manœuvre de force réussisse d’emblée ; il faut généralement répéter ces assauts plusieurs fois de suite et ce sont alors des chocs effroyables dont notre bonne Belgica frémit de la quille à la pomme des mâts…

La persévérance de nos efforts nous conduit, le 16 février, au soir, dans une petite lagune au delà de laquelle la banquise se présente compacte. Nous sommes à douze milles à peine au Nord de notre poste d’hivernage. Sous l’influence de la houle, la banquise se met à onduler. La mer libre ne peut plus être bien loin, pour que nous sentions de la sorte sa vivante respiration !

Cependant, nous ne sommes pas au bout de ces alternatives de confiance et de désespérance. Le pack se serre au point de n’être

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