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d’une manière régulière, simple, conforme aux usages, aux mœurs, aux traditions du lieu ; il cherche à faire fortune, à s’amuser, à se remuer, à paraître et lorsqu’il lui faut disparaître, ensuite ce n’est plus pour lui qui connaît la valeur des choses qu’un accident inévitable. Enfin, Manceau, Angevin, Aquitain, Lorrain il ne l’est pas ; il n’est pas devenu Parisien, c’est, eût-il ses coffres pleins de bons au porteur, c’est perpétuellement un aventurier, aventurier d’idées, de sentiments, de désirs, d’instincts et tellement que, même, souvent, il n’est pas même né en France. Il est Allemand, Anglais, Espagnol, Italien ; on commence à apercevoir des Parisiens nés en Chine ; il y en aura davantage dans quelque temps et par un fait qui n’a rien d’extraordinaire à une époque où l’éducation de la race française est tombée si bas, ce sont ces derniers Parisiens d’origine exotique dont la main plonge le plus avant dans les affaires de France. Le chef du parti radical, le dictateur est un Génois et l’arbitre du budget des affaires étrangères, son ami, est un Badois, à peine naturalisé, s’il l’est quelque peu.


CHAPITRE LI.


Où tous ces gens, si bigarrés, auraient-ils pu prendre et comment pourraient-ils conserver ce sentiment si spécial et composé d’au moins autant d’influences physiques que d’actions morales, le patriotisme ? Dans lequel l’attendrissement profond à la seule pensée d’un coin de haie, d’un bout de chemin creux, d’une vieille masure à demi ruinée malmène ou ravit le cœur en même temps que l’affection ou l’habitude de l’attention pour les voisins et les proches des voisins et les intérêts de tout ce