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venablement. En 93, ils avaient eu plus de loisir, et donc, la fin avait été logique ; ce qui y avait échappé, alla se faire faire baron et trouva tout pour le mieux. En 1848, il ne s’en fallut de rien que l’insurrection de Juin ne l’emportât ; alors, les incidents suivaient leur cours naturel ; M. Ledru Rollin comme M. de Lamartine, comme le général Cavaignac trébuchaient sur l’échafaud et c’étaient les derniers de leurs successeurs décimés qui devenaient barons, à moins que, par un coup de fortune admirable et qui eût donné lieu de bénir à jamais l’insurrection de Juin 1848 à tout ce qui est né et naîtra entre les Alpes et la Mer, l’intervention exaspérée des provinces n’eût de suite étouffé le mal, écrasé ses germes et préparé un autre avenir.

Les choses tournèrent autrement. Ce qui périt en Juin, ce ne fut pas seulement la mère de la Commune de 71, ce fut la République elle-même, sa bonne maîtresse et son éducatrice, et il ne fallut pas un an, pour que tout le pays, consciencieusement dégoûté, aspirât au pouvoir d’un seul, absolu, aussi absolu que possible, et ce ne fut pas sa faute s’il n’obtint ce programme que mitigé. Peut-être à une seconde occasion, son vœu intime et profond, son instinct naturel serait-il mieux satisfait. Et voilà la fin normale de l’état que l’on peut se procurer en France sous le nom de République.


CHAPITRE III.


Ce n’est pas le moins du monde, qu’en soi, en principe, une forme de gouvernement qui consiste, dans l’essentiel, à se donner périodiquement un nouveau chef électif, soit abhorrente au sens commun : en aucune ma-