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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/23

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Chapitre Premier


L’EXPÉRIENCE LOGIQUE

I) Les relations de la logique ne forment pas un monde transcendant, soit supérieur à l’univers de l’expérience, soit en marge de celui-ci, suivant la valeur qu’on lui attribue : « La pensée logique ne forme pas au-dessus de la pensée concrète, une sorte d’univers surnaturel »[1], déclare M. Poirier.

Cette affirmation se justifie par les trois ordres de considérations que voici :

1° Les produits intellectuels justiciables du tribunal d’une logique quelque peu sévère, sont peu nombreux et soumis à certaines conditions restrictives. Il est sans doute impossible de tracer une ligne de démarcation nette entre les créations verbales pétries de contradictions et de non-sens et les démonstrations les plus cohérentes des mathématiciens les plus exigeants : des unes aux autres, on passe par une série de dégradés et de nuances et seuls les extrêmes forment un contraste vraiment choquant.

Dans tous les domaines la pensée procède par « gros paquets », par allusions souvent rapides, par termes approximatifs et par raisonnements globaux ; ce n’est

  1. R. Poirier, Le Nombre, p. 14.