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Page:De La Nature.djvu/102

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humanité de ceux qui ne peuvent pas supporter qu’un renard croque une poule, ni que le crocodille soit si adroit à surprendre les hommes pour les dévorer.

Ne vaut-il pas mieux, disons plutôt qu’il est nécessaire, que toutes les especes subsistent & se maintiennent dans l’état à peu près où elles sont aujourd’hui ? Laissez donc le monde aller comme il va. Laissez les minéraux, les végétaux, les animaux s’alimenter, croitre, vivre aux dépens & de la substance des uns des autres. L’œil physicien ne voit dans cette guerre qu’un déplacement continuel de parties, une succession variée de combinaisons qui donne naissance à autant de résultats qu’elle en détruit, un mêlange de vie & de mort, où tous les êtres tour-à-tour absorbés & absorbans, subissent une infinité de révolutions.

Si dans l’instant on m’offroit le pouvoir d’affranchir une seule espece de la loi commune, à condition que mon choix tombât sur la plus digne, je sens que la réstriction anéantiroit la puissance. Qu’on me donne les années de Fontenelles, pour examiner à qui ce privilege seroit, je ne dis pas du, mais accordé à meilleur titre, je crois que je mourrois encore indécis. D’abord l’orgueil & un amour inné pour mes semblables, me feroient songer à l’homme. Mais frappé & comme étourdi du grand nombre