Aller au contenu

Page:De La Nature.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moins contraints de leur abandonner leur pays[1].

Ces traits ne sont pas uniques. Nous lisons dans les Livres de Moyse[2] que les héviens & les héthites ont été chassés des contrées qu’ils habitoient, par la multitude des Tâns dont elles étoient infestées. Au rapport de Theophraste, les Trériens furent réduits à un sort pareil par les Scolopendres. Pescare, ville d’Afrique, est alternativement occupée par les hommes & les Scorpions. Ceux-ci y abondent en été au point que les

  1. Les Lybiens & les Ethiopiens ont un secret merveilleux pour prendre les Sauterelles. Ils allument un grand feu d'une espece de tourbe qui jette beaucoup de fumée. Les Sauterelles suffoquées par cette nuée chaude tombent & meurent. C'est un régal pour ces peuples qui en trouvent la chair fort apétissante. Mais le venin de ces insectes ne meurt point avec eux. A peine les Acridophages ont-ils atteint l'âge de 38 à 40 ans, que leur corps s'ulcère & se corrompt. Du sein des playes sort un escadron de petits poux dont ils sont dévorés. On diroit que la Nature s'étudie malicieusement à faire en sorte que l'homme reçoive autant de mal des animaux qu'il leur en fait. C'est une nécessité en Métaphysique, une loi méchanique en Physique, une justice en Morale : seroit-ce une hérésie en Théologie?
    J'ai lu le fait que je viens de rapporter dans Diodore ou Strabon ou dans les deux: car ils se rencontrent quelquefois. Mais ce qui le confirme, c'est que le Législateur des Hébreux, qui n'ignoroit pas combien la chair de Sauterelle est nuisible, leur défend cette nourriture, au Lévitique.
  2. Exode, Chapitre III.