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Page:De La Nature.djvu/130

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nourrit pour les excéder de coups & de travail, condition pire que la premiere ? Si pourtant on veut qu’il y ait quelques animaux plus heureux à cet égard que d’autres (ce qu’il faudroit encore examiner), n’y en a-t-il pas dont la misere paroît bien au dessus de la foible portion de plaisir qu’ils peuvent goûter ? Cela suffit pour l’équilibre général. De plus à l’égard du chien d’Espagne accoutumé à être choyé, caressé, gironné, qui partage les mets délicats de sa maitresse, l’accoutumance ôte au plaisir : au lieu que la fatigue excessive d’une bête de charge, donne un goût exquis au chardon, qu’on lui présente sans apprêt : ce qui commence à remettre l’égalité entre les particuliers.

Vous pensez que l’homme à force de raffiner sur un besoin grossier qui lui est commun avec le plus vil reptile, est parvenu à augmenter le plaisir sensuel ? Je le pense comme vous. Convenez à votre tour qu’il achete ce surcroît de volupté au prix de sa santé & de sa vie. La bonne-chere est la mere des dégouts, des nausées, des vapeurs, des indigestions, des infirmités. Je ne parle point de la débauche où tout est douleur.

La fureur amoureuse est une crise longue & violente entremêlée de quelques instans de volupté. Ici la peine passe le plaisir. Les habitans des forêts négligent alors le repos &