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Page:De La Nature.djvu/172

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vû l’activité de la double puissance que nous avons de tirer le bien du mal, & de pervertir les meilleures choses. Indépendamment de ce raisonnement qui porte sur les principes posés ci-dessus, les faits m’accablent de leur nombre : je n’en choisis que ceux qui regardent l’immortalité de l’ame.

Les saducéens qui nierent ce dogme oublié ou supposé dans la religion judaïque, n’en furent que plus religieux & plus justes. Avec un motif de moins ils eurent un mérite de plus. La secte gagna du côté des mœurs, ce qu’elle perdoit du côté du dogme.

Judas & Sadoc fondateurs d’une autre secte fort approchante de celle des pharisiens, admettoient avec eux l’immortalité de l’ame. Sûrs de vivre après leur mort, le mépris outré de cette vie dégénéra dans eux en un esprit de sédition, dont le coup d’essai fut une guerre civile des plus sanglantes, & qui jetta dès-lors, dit Josèphe, les semences de tous les maux dont la nation juive fut affligée depuis. Le même historien attribue à ceux de la même secte la révolte des juifs contre les romains, sous le gouvernement de Gressius Florus. Croiroit-on qu’une vérité sainte pût enfanter tant de crimes ?

Tout meurt avec le corps, disoit le stoïcien ; donc je m’appliquerai à rendre la vie présente aussi bonne qu’il se peut, par l’exercice