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Page:De La Nature.djvu/187

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ne soit ni à mon avantage, ni à la gloire de mon sexe, si l’on me le permet, je la proposerai de bonne-foi, sans l’aggraver ni l’affoiblir. Je me flatte que l’exposition simple en démontrera l’insolubilité.

Cela piqua la curiosité de la compagnie ; chacun voulut savoir ce que c’étoit. D’abord l’on m’adressa la parole & l’on me demanda si j’acceptois le défi. Je n’avois garde de le refuser, persuadé de mon opinion & tout plein de l’envie de la faire valoir. Mesdames, ajoutai-je, si je me trompe, je suis excusable ; c’est l’observation de la nature humaine perfectionnée par la société, qui m’a induit en erreur. J’ai toujours vu le bien & le mal se suivre de près & résulter de toutes les essences.

Eh bien, monsieur, répliqua mon antagoniste pleine d’esprit & de graces, il s’agit de l’impertinente loquacité de quelques femmes ; de ce babil assommant d’une seule langue qui par sa volubilité constante tient fermées tant d’autres bouches qui ont un droit égal de s’ouvrir : de cette confusion importune de vingt autres qui parlent sans cesse & toutes ensemble, pour ne rien dire : de cette demangeaison de caqueter qui fait dire tant de sottises, trahit les sécrets les plus sacrés, déchire les voisins, calomnie les honnêtes-gens, seme la discorde entre les amis, fomente