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Page:De La Nature.djvu/195

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manqueroient ; par la raison que la fréquence des vibrations des fibrilles de la glotte, les rendroit souples & agiles, leur ôteroit bientôt la dureté & la roideur qui font la voix fausse. Condamnez le sexe à la taciturnité, sa voix se rouillera comme un instrument qu’on n’exerce pas.

Car il ne faut pas s’imaginer que l’exercice d’une heure par jour pendant deux ou trois ans avec un maître à chanter, suffise pour former ou entretenir la voix. Non : la subtilité de cet organe exige une action plus continue. Et comme on ne peut pas toujours chanter ; outre que la bienséance ne le permet pas, le chant est un travail fatiguant pour la poitrine ; il faut y suppléer par la conversation, en caquetant sans cesse : exercice doux & plaisant, tel qu’il le faut pour faire vibrer les fibres vocales, & les tenir toujours en mouvement sans les fatiguer.

Les femmes peuvent toujours parler ; c’est une sage disposition que la coutume qui leur assigne en partage des occupations compatibles avec celle-là.

On auroit grand tort, dit la dame qui déclamoit si bien contre son sexe, de se plaindre de la frivolité de nos entretiens. Ignore-t-on que l’on n’est intarissable que sur des riens. Si nous ne voulions parler que science, arts, politique & religion, nous aurions