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Page:De La Nature.djvu/212

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de bévues que de hazards heureux. On péche autant contre la précision de la pratique par excès, que par défaut. Il y a autant de gens suffoqués par la multitude des remedes, que de gens qui périssent faute de médicamens. Ce qui est remede à l’égard d’un tempérament, est poison pour un autre. Ce qui est bon dans une circonstance, est nuisible dans une autre rencontre. Deux grains d’opium peuvent être un fort bon remede contre l’opiniâtreté des insomnies : une dose plus forte produiroit un sommeil convulsif, apoplectique, peut-être mortel. Augmenter la vertu des remedes, c’est donc accroître la malignité des poisons : augmenter les propriétés des spécifiques, c’est multiplier les combinaisons à faire pour en assurer l’effet, c’est multiplier les occasions de se méprendre, & les méprises par conséquent : attendu que l’homme est un animal bien propre à donner dans tous les piéges.

Mon médecin ne se rendoit pas à ce raisonnement. Avouez, me répliqua-t-il, que dans les crises violentes où nous n’employons les remedes ordinaires qu’avec une addition d’autres drogues fortes pour en augmenter l’efficacité, ils opéreroient seuls la guérison que nous tâchons de procurer au malade par une ordonnance fort chargée, où même il y a souvent