Aller au contenu

Page:De La Nature.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À la vue de certains traits, dont j’ignore l’ordre, la symmétrie & les rapports géométriques, je reconnois la beauté personnelle : à la présence de certaines actions, j’en sens d’abord la beauté morale, avant de songer aux avantages que l’humanité en retire. La premiere sensation est suivie d’un mouvement automate d’affection ; la seconde d’une approbation machinale. Aucune de ces émotions n’est ni plus essentielle que l’autre, ni d’un ordre inférieur. Elles ne different que par leur objet qui donne l’avantage à la derniere, autant que la vertu est préférable à la beauté du corps. Nous tenons le goût du bien & du mal, comme le goût du doux & de l’amer, d’une disposition intrinseque de notre l’ame, qui a son effet à la présence de son objet. La douceur nous flatte, l’amertume nous répugne, de la même sorte que nous approuvons la vertu & blâmons le vice. Je trouve dans l’une & l’autre circonstance, un sentiment intérieur excité par l’impression d’un objet extérieur (je ne parle pas encore de l’intermede de ce sentiment) : il est dans nous à l’insçu de notre volonté. Mon médecin a beau faire, il ne parviendra pas à me faire trouver de la douceur à une potion amere. Un traître étalera avec éloquence tout ce que l’esprit de sophisme & une métaphysique captieuse