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Page:De La Nature.djvu/377

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Un objet est présent, l’organe en est affecté, & l’ame le sent. Il y a aussi trois modes dans la sensation : la maniere dont l’objet agit sur l’organe, qui ne peut être qu’une sorte de tact ; la maniere dont l’organe transmet l’impression reçue à l’ame, la maniere dont celle-ci est affectée. S’il n’y a point d’objet externe, l’organe n’est point ébranlé, & l’ame ne sent point. Dans les ténebres épaisses il n’y a point de rayons lumineux qui viennent se peindre sur la retine ou la choroïde : aussi l’ame ne voit point. Sans organe point de sensation : si le nerf optique est coupé ou paralysé, l’œil auroit beau être sain & recevoir l’image la plus distincte, il n’y auroit point de vision. Le sentiment cesse par la destruction de l’organe, & il ressuscite avec lui. Tel est le mécanisme de la nature qu’elle suit exactement dans toutes sortes de sensations, de quelque genre qu’elles soient. Les organes du corps sont dans le systême présent les seuls moyens de sentir. On voit où j’en veux venir. Les perceptions morales sont des sensations du même ordre que les autres, quoique d’une espece différente : il leur faut donc un moyen sensitif, un organe, comme aux autres ; car elles ne peuvent entrer dans l’ame à la présence de certaines actions ou de certains caracteres que par l’intermede d’un organe qui les y transmette.