Aller au contenu

Page:De La Nature.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour ce qui est de la maniere dont ceux-ci s’acquittent de leurs fonctions, on convient qu’elle nous est inconnue, parce que l’expérience nous manque. Mais nous ne craignons pour-tant pas d’assurer que ce n’est que par eux que l’ame sent, tant qu’elle est dans le corps. Convenons donc que c’est par eux qu’elle sent la moralité des actions. L’usage des observations analogiques est le meilleur guide dans les matieres qui ne sont pas évidentes par elles-mêmes. Presque tout le physique de nos sensations est encore un mystere pour nous. Nous savons bien que nous touchons un marbre, que nous flairons une rose, que nous voyons du verd : mais nous ignorons tout ce qui se passe depuis la surface de nos organes jusqu’au siege du sentiment. Nous savons que nous avons le sentiment des odeurs, des saveurs, des couleurs : mais comment ce sentiment est-il excité dans nous ? Nous l’ignorons. Dans toute sensation, nous ne connoissons que les deux extrêmes, le sentiment & son occasion extérieure ; tout l’intermédiaire nous est caché.

C’est cette obscurité qui a donné lieu à tant d’hypotheses plus ou moins frivoles & ingénieuses. Remarquez néanmoins que tel est l’empire légitime de l’analogie, que quelque