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Page:De La Nature.djvu/460

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que cela ne vient que de ce qu’il y a entre ces deux idées, entre les deux ébranlemens de leurs fibres correspondantes, toute la liaison qui est entre les objets mêmes ?

Supposé que tous les cerveaux soient façonnés sur le même modele, & le systême des fibres le même dans tous, la consonance naturelle des idées ne différera point d’un individu à l’autre. Nos idées peuvent avoir encore une autre liaison entre elles, engendrée par la coutume, l’éducation, les intérêts, & mille autres accidens. Cette association artificielle des idées varie d’une nation à l’autre, même d’un individu à un individu. Elle peut être bizarre au point de contredire directement la liaison naturelle.

L’idée de la divinité est tellement associée à celle de la figure humaine, dans l’esprit d’un antropomorphite, que l’une ne va jamais sans l’autre. Cette connexion est au dernier point d’absurdité & de force. Accoutumé à voir Dieu peint sous une figure humaine, à entendre répéter par ses parens & les ministres de sa réligion, que cet être a un corps semblable à celui d’un homme, cette accoutumance a mis une telle analogie entre les mouvemens fibrillaires de l’idée de Dieu, & de l’idée d’un corps humain, qu’ils se combinent toujours ensemble