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Page:De La Nature.djvu/478

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L’imagination a quelque chose de commun avec la mémoire, qui les a fait confondre. Elles ont aussi leur caractere distinctif, qui devoit empêcher la méprise. La mémoire est une réproduction exacte des idées de la maniere & dans la combinaison qu’elles ont été présentes une autre fois à l’ame. L’imagination reproduit aussi des idées, mais elle les altere, elle les grossit, les affoiblit, en dérange l’ordre. Tout ce qu’il y a de naturel & de vrai dans le rappel des idées, appartient à la mémoire : au reste la vérité de ce retracement est sa conformité avec la maniere dont ces idées ont existé auparavant. Tout ce qu’il y a de changé, tant à l’égard des idées que pour leur combinaison, est imaginé.

Après avoir ainsi établi les droits respectifs de ces deux facultés, je vais chercher ce qui fait que le sensorium en reproduisant les vibrations des fibres, les altere, en change l’ordre ancien pour leur en donner un nouveau : ce sera sûrement la cause physique de l’imagination. Cette cause est toute interne, car les phantômes de l’imagination existent dans l’absence des objets, souvent même leurs objets sont des êtres chimériques. Les observations des modernes & sur tout celles de Mr Lorry, dont l’académie royale des sciences de Paris a loué l’importance & l’exactitude, nous ont assuré que le cerveau a deux mouvemens, l’un qui répond à celui du cœur, l’autre à celui