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Page:De La Nature.djvu/49

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Ils opposoient à ces traits de sagesse, un désordre aussi réel : tant d’animaux nuisibles, les orages, les tonneres, les tremblemens de terre, la peste, la famine, les maladies, la douleur, la mort, & ce déluge de crimes qui inonde la société : se croyant en droit’insérer l’inhabileté de l’ouvrier, d’un ouvrage si irrégulier.

En concluant de l’effet à la cause, on ne peut pas légitimement accorder plus de perfection à celle-ci, qu’il n’y en a dans celui-là. L’excès ne seroit fondé que sur une conjecture incertaine. L’exactitude & la précision logiques exigent de plus qu’on donne à la cause tout ce que contient l’effet. On juge de là quel inconvénient il y a d’avancer que Dieu s’est peint dans son ouvrage, & que chaque partie de l’univers porte l’empreinte de quelqu’un de ses attributs. L’ordre qui y regne, n’est pas plus le type visible de sa sagesse, que notre imbécillité n’est l’image de son intelligence.

L’existence de l’effet prouve invinciblement celle de la cause. Pourquoi ne peut-on pas conclure de même des qualités de l’un à celles de l’autre ? C’est qu’ici la cause & l’effet sont d’un ordre différent. L’effet est contingent, & la cause nécessaire ; l’un fini, & l’autre infinie. Or il n’y a rien d’analogue entre le fini & l’infini. Parvenus à la connoissance