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Page:De La Nature.djvu/54

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errer dans les forêts, à la maniere des ours & des tigres. S’il en est qui se contentent de cette vie misérable, qui peut-être la préferent à une autre plus heureuse pour nous, c’est que la cause productrice devoit remplir avec une profusion magnifique, toutes les classes de l’animalité, faire des animaux domestiques & d’autres incapables d’être apprivoisés, des hommes sauvages & des hommes sociables. Mais, comme il n’y a guere d’apparence que les premiers puissent se défaire de leur grossiéreté, afin de s’élever à quelque chose de mieux ; il seroit aussi contre les intentions de la Nature, que les autres languissent dans leur imbécillité originelle, en laissant se perdre par l’inaction, des facultés qu’ils n’ont que pour en faire usage.

La société est donc l’ouvrage de la Nature, en tant que produit naturel de la perfectibilité humaine, aussi fertile en mal qu’en bien. Les arts & les sciences, les loix & la forme variée des gouvernemens, la guerre & le commerce, tout enfin n’est qu’un développement. Les semences de tout étoient dans la Nature : elles sont écloses, chacune à son tems. Peut-être elle recele encore dans son sein d’autres germes plus lents, dont les races futures recueilleront les fruits. Alors la sphere du génie s’étendra ; il prendra lui-même