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Page:De La Nature.djvu/76

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D’abord la vicissitude des saisons choque les ignorans. Et certes il y a assez d’honnêtes gens dans cette classe pour mériter des égards. C’est en leur faveur que les poëtes ont feint un âge d’or, dont la premiere prérogative étoit un printems éternel. Effaçons donc l’angle d’inclinaison de l’équateur sur le plan de l’écliptique. (au reste Burnet a soutenu qu’il n’avoit pas toujours été). Changeons les ellipses en cercles réguliers, & rendons toutes les spheres concentriques, comme dans l’ancien systême. Passant par dessus les difficultés & les inconvéniens d’une pareille hypothese, plaçons la terre dans une situation & à une distance si favorables & si invariables du soleil, que cet astre ne semble jamais sortir du même signe, & que ce signe soit précisément celui qui préside aux plus beaux jours de l’année. Peuple d’insensés, vous voilà satisfaits. Le ciel sera toujours pur & serain. Vous ne vous plaindrez plus de la longue absence du soleil qui laisse regner l’affreux hiver, ni de sa chaleur excessive qui vous brûle. Il n’est plus permis qu’au zéphyr de souffler. N’appréhendez plus que la nue qui porte la foudre, la laisse tomber sur vos têtes. La terre encore sera toujours couverte d’un gazon fleuri. Vous allez jouir de tous les agrémens qui vous charment.