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Page:De La Nature.djvu/79

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O vous, qui voyez votre pays ravagé par des inondations fréquentes, ou des volcans embrasés ! Si l’eau étoit raréfiée jusqu’à la subtilité de l’air, elle n’auroit pas la force d’entraîner vos bleds, vos bestiaux & vos maisons. Mais alors les peuples, qui habitent les bords du Nil & du Gange, se plaindroient que les débordemens réguliers de ces fleuves ressemblent à des brouillards légers qui n’abreuvent point assez la terre pour la fertiliser. La mer ne porteroit point. Les poissons vivroient-ils dans un élément si subtil ? Étouffez encore ce feu souterrain qui fournit aux éruptions épouvantables de l’Ethna & du Vésuve. Quelques-uns de nos physiciens vous diront que la terre ne produira plus de minéraux ; que les pierres ne se cuiront point ; que les marbres resteront informes ; que les mines ne mûriront point ; que les sources chaudes où les corps paralytiques recouvrent le sentiment, se refroidissent déjà, & perdent toute leur vertu. Ainsi par une fatalité réelle, en faisant disparoître un mal, on supprime un bien. L’introduction d’un nouveau mal seroit de même le germe d’un bien nouveau.

Quels que soient nos souhaits, fussent-ils réalisés, & qui nous assurera qu’ils ne le sont pas dans quelqu’un de ces mondes qui roulent