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Page:De La Nature.djvu/90

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Suivant le systême ingénieux des effluences & des affluences de la matiere électrique, le corps électrisé s’épuise en élançant de tous côtés une très-grande quantité de la matiere qu’il contient ; il répare son épuisement par une pareille abondance de matiere électrique qui lui vient non seulement de l’air environnant, mais encore de tous les corps situés dans son voisinage.

Le Ciel nous offre le même phénomene. L’on a dit avec assez de vraisemblance que les globes lumineux se repaissent des exhalaisons qu’ils tirent des globes opaques, & que l’aliment naturel de ceux-ci est ce flux de parties ignées que les premiers leur envoyent continuellement ; que les taches du soleil, qui semblent s’étendre & s’obscurcir tous les jours, ne sont qu’un amas des vapeurs grossieres qu’il attire dont le volume croît ; que ces fumées que nous croyons voir s’élever à sa surface, s’y précipitent au contraire ; qu’à la fin il absorbera une si grande quantité de matiere hétérogene qu’il n’en sera pas seulement enveloppé & incrusté, comme Descartes le prétendoit, mais totalement pénétré. Alors il s’éteindra : il mourra, pour ainsi dire, en passant de l’état de lumiere qui est sa vie, à celui d’opacité qu’on peut appeller une mort véritable à son égard. Ainsi la sangsue meurt en s’abreuvant de sang.