Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/136

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Ils ressemblent encore aux hommes insensés qui, ayant élevé jusqu’au toit une maison pour s’y loger, négligent de la couvrir, parce qu’ils craignent un peu de fatigue de plus.

Les vents et les pluies viennent, et la maison s’écroule, et ceux qui l’avaient bâtie sont tout à coup ensevelis sous ses ruines.

Quand même vos espérances auraient été trompées non-seulement sept fois, mais septante fois sept fois, ne perdez jamais l’espérance.

Lorsqu’on a foi en elle, la cause juste triomphe toujours, et celui-là se sauve qui persévère jusqu’à la fin.

Ne dites pas : C’est souffrir beaucoup pour des biens qui ne viendront que tard.

Si ces biens viennent tard, si vous n’en jouissez que peu de temps, ou que même il ne vous soit pas donné d’en jouir du tout, vos enfants en jouiront, et les enfants de vos enfants.

Ils n’auront que ce que vous leur laisserez : voyez donc si vous voulez leur laisser des fers et des verges, et la faim pour héritage.

Celui qui se demande ce que vaut la justice, profane en son cœur la justice ; et celui qui suppute ce que coûte la liberté, renonce en son cœur à la liberté.

La liberté et la justice vous pèseront dans la même balance où vous les aurez pesées. Apprenez donc à en connaître le prix.