Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/60

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L’amour est infatigable, il ne se lasse jamais. L’amour est inépuisable, il vit et renaît de lui-même ; et plus il s’épanche, plus il surabonde.

Qui s’aime plus que son frère n’est pas digne du Christ, mort pour ses frères. Avez-vous donné vos biens, donnez encore votre vie, et l’amour vous rendra tout.

Je vous le dis en vérité, celui qui aime, son cœur est un paradis sur la terre. Il a Dieu en soi, car Dieu est amour.

L’homme vicieux n’aime point, il convoite : il a faim et soif de tout ; son œil, tel que l’œil du serpent, fascine et attire, mais pour dévorer.

L’amour repose au fond des âmes pures, comme une goutte de rosée dans le calice d’une fleur.

Oh ! si vous saviez ce que c’est qu’aimer !

Vous dites que vous aimez, et beaucoup de vos frères manquent de pain pour soutenir leur vie, de vêtements pour couvrir leurs membres nus, d’un toit pour s’abriter, d’une poignée de paille pour dormir dessus, tandis que vous avez toutes choses en abondance.

Vous dites que vous aimez, et il y a, en grand nombre, des malades qui languissent, privés de secours, sur leur pauvre couche ; des malheureux qui pleurent sans que personne pleure avec eux ; des petits enfants qui s’en vont, tout transis de froid, de porte en porte, demander aux riches une miette de leur table, et qui ne l’obtiennent pas.