Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/74

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Gardez-vous donc de ceux qui disent : Liberté, Liberté ! et qui la détruisent par leurs œuvres.

Est-ce vous qui choisissez ceux qui vous gouvernent, qui vous commandent de faire ceci et de ne pas faire cela, qui imposent vos biens, votre industrie, votre travail ? Et si ce n’est pas vous, comment êtes-vous libres ?

Pouvez-vous exercer votre culte sans gène, adorer Dieu et le servir publiquement selon votre conscience ? Et si vous ne le pouvez pas, comment êtes-vous libres ?

Pouvez-vous disposer de vos enfants comme vous l’entendez, confier à qui vous plait le soin de les instruire et de former leurs mœurs ? Et si vous ne le pouvez pas, comment êtes-vous libres ?

Les oiseaux du ciel et les insectes même s’assemblent pour faire en commun ce qu’aucun d’eux ne pourrait faire seul. Pouvez-vous vous assembler pour traiter ensemble de vos intérêts, pour défendre vos droits, pour obtenir quelque soulagement à vos maux ? Et si vous ne le pouvez pas, comment êtes-vous libres ?

Pouvez-vous aller d’un lieu à un autre si on ne vous le permet, user des fruits de la terre et des productions de votre travail, tremper votre doigt dans l’eau de mer et en laisser tomber une goutte dans le pauvre vase de terre où cuisent vos aliments, sans vous exposer à payer l’amende et à être traînés en prison ? Et si vous ne le pouvez pas, comment êtes-vous libres ?

Pouvez-vous, en vous couchant le soir, vous répondre qu’on ne viendra point, durant votre sommeil, fouiller les lieux les plus secrets de votre