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Montargis. Les particularités dialectales du poème ne s’opposent pas à cette identification ; il est à noter pourtant que Guillaume, ayant à mentionner un grand fleuve, nomme la Seine et non la Loire (v. 112)[1], et, d’autre part, qu’il fait une allusion peu flatteuse au nez des Orléanaises (v. 1194).

Guillaume savait le latin, il n’était cependant pas un grand clerc, car il prenait Scipion pour un roi.

Son poème est le récit d’un songe qu’il prétend avoir eu « il y a cinq ans ou plus », alors qu’il était dans sa vingtième année ; on peut supposer qu’il avait 25 ou 26 ans lorsqu’il le commença.

Dans la Littérature française du moyen âge, G. Paris dit que Guillaume, ayant connu le Tournoiement d’Antechrist, de Huon de Méry, écrit en 1235, on ne peut faire remonter plus haut la première partie du Roman de la Rose (§ 111). J’ai montré ailleurs combien était faiblement fondée cette assertion[2]. Cependant si Jean de Meun a terminé sa continuation entre 1275 et 1280, comme j’essaierai plus loin de le montrer, et s’il est vrai que Guillaume était mort depuis plus de 40 ans, la date donnée par G. Paris, « vers 1237 », est admissible, mais elle n’est pas assurée : on pourrait la reculer au moins jusqu’en 1225 et l’avancer au moins jusqu’en 1240[3].

  1. Supposer que par le fleuve « qui estoit po mendre de Seine » l’auteur a voulu désigner la Loire serait faire une hypothèse sans fondement.
  2. Origines et Sources du Roman de la Rose, p. 83. Aux rapprochements entre les deux poèmes signalés dans mes Origines, j’en ai ajouté quelques autres dans les notes de mon édition (v. 635, 909, 1693, 1945, 2093, 3893).
  3. Les termes dont se sert J. de Meun pour marquer le temps écoulé entre la composition de son poème et la mort de Guillaume sont très vagues « Jehans le continuera Emprès sa mort… Anz trespassez plus de quarante ». Que faut-il ajouter à 40 ? Ce chiffre s’applique-t-il à la date du commencement ou à celle de l’achèvement de la continuation ?