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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/107

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féminine. De grands coffres peints ou damasquinés ornaient cette pièce. Quand la servante ouvrit l’un d’eux pour en sortir une chemise fine, il s’en épandit une odeur délicate de toile, imprégnée de la senteur des bouquets de lavande et des sachets d’iris d’Orient et de roses de Damas, séchés à l’ombre.

Tout en s’habillant, Béatrice discutait avec sa couturière la forme d’une nouvelle robe dont le patron venait de lui être expédié par exprès par sa sœur, la marquise de Mantoue, Isabelle d’Este, coquette par excellence. Les deux sœurs se faisaient concurrence dans leurs toilettes. Béatrice enviait le goût délicat d’Isabelle et l’imitait. Un des ambassadeurs de la cour de Milan la renseignait discrètement sur toutes les nouveautés de la garde-robe de Mantoue.

Béatrice revêtit un costume à broderies qu’elle affectionnait parce qu’il dissimulait sa petite taille : l’étoffe en était de bandes de velours vert alternées avec des bandes de brocart. Les manches, serrées par des rubans de soie grise, étaient collantes avec des crevés à la française, à travers lesquels se voyait la blancheur éblouissante de la chemise. Ses cheveux furent emprisonnés dans une résille d’or, légère comme une fumée, et tressés en natte ; une ferronnière ornée d’un scorpion en rubis barrait son front.