même ne possède pas une corne semblable, d’aussi étonnante grandeur.
Ki-hi-hi ! Ki-hi-ha ! cria, imitant le coq, le bossu Janikki, le bouffon favori du duc, en secouant sa crécelle et agitant les grelots de son bonnet.
— Ki-hi-hi ! Ki-hi-ha ! petit père ! dit-il au More et en désignant le comte Bergamini. Crois-le ! Il s’y connaît en cornes, non seulement celles des bêtes, mais aussi celles des gens. Celui qui chèvre a, cornes a !
Le duc menaça le bouffon du doigt.
Sur la galerie supérieure les trompes d’argent sonnèrent, annonçant le rôti, une énorme hure de sanglier farcie de châtaignes, puis un paon qui, à l’aide d’un mécanisme caché, déployait la queue et battait des ailes, et enfin une énorme tourte en forme de forteresse, d’où s’échappèrent d’abord les sons du cor guerrier, puis, quand on l’eut fendue, on vit un nain couvert de plumes de perroquet. Celui-ci se mit à courir sur la table, on le saisit et on l’enferma dans une cage d’or, où, imitant le célèbre perroquet du cardinal Ascanio Sforza, il cria de comique façon le Pater Noster.
— Messer, demanda la duchesse à son mari, à quel heureux événement devons-nous ce festin aussi inattendu que superbe ?
Le More ne répondit pas et furtivement échangea un regard avec le comte Bergamini ; l’heureux mari de Cecilia comprit que le festin se donnait en l’honneur du nouveau-né César.