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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/186

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— Pourquoi ?… hein ?… Que veut dire ?… balbutia le roi surpris.

Le cardinal lui expliqua qu’il craignait les poisons, que la prudence s’imposait vis-à-vis des gens qui avaient empoisonné leur seigneur légitime, et dont on pouvait attendre toutes les trahisons.

— Eh !… des bêtises !… Pourquoi !… Je veux boire, dit Charles en haussant les épaules.

Puis il se soumit.

Les hérauts s’élancèrent en avant. Quatre pages élevèrent, au-dessus du roi, un superbe baldaquin de soie bleue, tissé de fleurs de lis d’argent ; le sénéchal plaça sur les épaules de Charles le manteau à revers d’hermine, avec, brodées sur le velours pourpre, des abeilles et la devise : « La reine des abeilles n’a pas d’aiguillon. »

À travers les sombres appartements délaissés, le cortège se dirigea vers la chambre du mourant. En passant devant la chapelle, Charles aperçut la duchesse Isabelle.

Respectueusement il ôta son béret, voulut s’approcher d’elle et, selon la vieille coutume française, la baiser sur les lèvres en la nommant « chère sœur ».

Mais la duchesse ne lui en donna pas le temps et tomba à ses pieds.

— Seigneur, commença-t-elle le discours préparé d’avance, aie pitié de nous, Dieu te récompensera. Défends les innocents, chevalier magnanime ! Le More nous a ravi le trône, il a empoisonné mon mari, le duc légitime de Milan, Jean Galéas. Dans ce château,