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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/195

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clou romain, il est pointu, tandis que le clou romain est émoussé. Durant trois heures, ce clou est resté dans la main du Sauveur, comme le prouve, par de fins syllogismes, le savant père Alesio.

Frère Timoteo s’arrêta un instant, puis s’écria en levant les bras au ciel :

— Maintenant, mes chers frères, s’accomplit un horrible sacrilège ! Le More, le misérable, l’assassin, le voleur de trône, tente le peuple par des fêtes impies, et affermit son trône croulant avec le saint clou !

La foule devint houleuse.

— Et savez-vous, mes frères, continua le moine, savez-vous à qui il a confié l’encastrement du clou dans la grande coupole de la cathédrale, au-dessus de l’autel ?

— À qui ?

— Au Florentin Léonard de Vinci !

— Léonard ? qui est-ce ? demandaient les uns.

— Nous le connaissons, parbleu, répondaient les autres : c’est celui-là même qui a empoisonné le jeune duc avec des fruits…

— Un sorcier ! un hérétique ! un athée !

— Et moi, mes amis, s’interposa timidement Corbolo, j’ai entendu dire que ce messer Leonardo était un homme bon. Qu’il n’avait jamais fait de mal à personne. Qu’il aime non seulement les hommes, mais aussi les bêtes…

— Tais-toi, Corbolo, tu ne sais ce que tu racontes !

— Un sorcier peut-il être bon ?

— Oh ! mes enfants, expliqua frère Timoteo, les