et n’ayant laissé qu’un petit rejeton, il l’arrose abondamment avec de l’eau. À la très grande joie de Léonard, la citrouille ne s’est pas desséchée et la mère – comme il s’exprime – a heureusement nourri tous ses enfants, à peu près soixante longues courges. Avec quelle patience, avec quel amour il suivait l’existence de cette plante ! Aujourd’hui, il est resté jusqu’à l’aube assis sur une plate-bande de potager, observant comment les larges feuilles boivent la rosée nocturne.
« La terre, dit-il, abreuve les plantes de moiteur, le ciel de rosée, et le soleil leur donne une âme », car il suppose que l’âme n’appartient pas uniquement à l’homme, mais aussi aux animaux et même aux plantes, opinion que fra Benedetto considère éminemment comme hérétique.
Il aime tous les animaux. Parfois il passe des journées à observer et dessiner des chats, à étudier leurs mœurs et leurs habitudes : comment ils jouent, comment ils se battent, dorment, lavent leur museau avec leurs pattes, attrapent les souris, étirent le dos et se hérissent devant les chiens. Ou bien, avec la même curiosité, il regarde à travers les glaces d’un aquarium les poissons, les limaces, les gordiens, les sèches et autres animaux marins. Son visage exprime une profonde et calme satisfaction quand ils se battent et se mangent entre eux.