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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/242

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Aujourd’hui a eu lieu dans la cathédrale la fête du Clou sacré. On l’a élevé au moment précis déterminé par les astrologues.

La machine de Léonard a fonctionné à merveille. On ne voyait ni les cordes ni les poulies. Il semblait que la caisse de cristal ornée de rayons dorés, dans laquelle était enfermée la relique, montait seule soulevée sur les nuages d’encens. Ce fut le triomphe et le miracle de la mécanique. Le chœur clama :


Confixa clavis viscera
Tendens manus vestigia
Redemptionis gratia,
Hic immolata est Hostia.


Et le reliquaire s’arrêta sous l’orgue sombre, au-dessus du maître autel, entouré de cinq lampes incandescentes.

L’archevêque récita :

O Crux benedicta quæ sola fuisti digna portare Regem cælorum et Dominum. Alleluia !

Le peuple tomba à genoux et répéta : « Alleluia ! »

Et l’usurpateur du trône, l’assassin, le More, les yeux pleins de larmes, tendit les mains vers le Clou sacré.

Puis le peuple a reçu du vin, de la viande, cinq mille mesures de pois et huit mille livres de graisse. La populace, oubliant le duc mort, hurlait, vorace et ivre : « Vive le More ! Vive le Clou sacré ! »